Conceptions géopolitiques d’un observateur messin

Résumé de la communication du 3 février 2011

de M. Jean-Bernard LANG, membre correspondant

Conceptions géopolitiques d’un observateur messin.

Religion, frontières et aires d’influence au début du XVII^e siècle.

Cette communication se fonde sur une source peu connue, celle d'une correspondance entre un patricien huguenot de Metz, Jean de Flavigny, et les responsables politiques de la ville libre de Strasbourg, entre 1597 et 1626. Au fil de ces 265 lettres, de multiples observations peuvent être faites, sur la vie quotidienne à Metz, sur les querelles religieuses, sur la vision que pouvait avoir cet homme de son environnement politique et sur bien d'autres choses encore. Mais dans cette intervention, nous nous sommes limité à un aspect précis, qui fut fondamental dans l'histoire de la France. Nous sommes en effet à même de mettre en exergue l'idée que les hommes du début du XVII^e siècle se faisaient d'une frontière, du rôle que celle-ci devait jouer, loin de la conception que l'on en a aujourd'hui. Nous pouvons aussi observer comment se met en place, dès le règne de Henri IV et donc bien avant Richelieu, l'idée que la France doit être présente sur le Rhin, loin à l'Est de la Meuse et même de la Moselle, afin de tenir l'Allemagne rhénane sous son influence, soi-disant pour garantir sa "liberté". C'est cette notion qui fera l'ossature des traités de Westphalie, qui débouchera sur des crimes comme celui de la dévastation du Palatinat sur ordre de Louvois, et induira chez les Allemands une telle haine de la France que c'est dans le château de Louis XIV qu'en 1870, ils proclameront symboliquement la renaissance du Reich, source des catastrophes que l'Europe connut ultérieurement.